Sortir du tabou du cancer : portrait d’entreprise
A l’occasion d’Octobre Rose, nous avons choisi de mettre en lumière l’engagement de l’un de nos adhérents, Publicis France, pour intégrer le cancer et ses impacts au sein de la vie de l’entreprise. A travers son pledge « Working With Cancer », Publicis Groupe œuvre pour sortir du tabou et de la stigmatisation qui entourent encore aujourd’hui cette maladie.
Anne Decouzon, Directrice des ressources humaines de cet acteur incontournable du secteur de la communication, nous présente la démarche de Publicis Groupe en France.
Anne, pourriez-vous vous présenter ?
Je suis DRH de Publicis Groupe pour la France, qui représente plus de 6000 salariés répartis sur une trentaine d’entités, avec une grande diversité de métiers.
L’une de mes missions consiste à être garante de la légalité des dispositifs collectifs et individuels à destination de nos collaborateurs. Je m’assure notamment de leur proposer un cadre de travail positif. Une partie de mon poste consiste à négocier des accords pour faire évoluer les dispositifs, avec une vision progressiste des choses. C’est dans ce cadre que j’interviens pour « Working With Cancer ».
Comment est né ce dispositif ?
« Working With Cancer » a été déployé dans tout le groupe, soit 100 000 collaborateurs qui travaillent sur les 5 continents.
A l’origine de cette initiative, la décision denotre PDG Arthur Sadoun de dévoiler publiquement le fait qu’il était soigné pour un cancer en 2022. Son témoignage a été très marquant et a permis d’ouvrir une brèche sur un sujet tabou, celui de la maladie au travail. Il a reçu en retour un grand nombre de remerciements pour sa prise de parole. Cela a provoqué une prise de conscience sur les difficultés auxquelles pouvaient faire face certains de nos collaborateurs eux-mêmes malades, dont la peur de parler de leur maladie à leur employeur et de perdre leur travail. Tous les témoignages reçus à la suite du partage d’Arthur Sadoun ont aussi mis en évidence l’importance du soutien professionnel dans le processus de guérison. Briser le tabou du cancer est apparu comme une nécessité.
En janvier 2023, il a lancé à Davos le pledge : une charte d’ engagement des entreprises pour lutter contre la stigmatisation du cancer sur le lieu de travail.
Si Publicis Groupe ne peut pas soigner le cancer, l’entreprise par sa notoriété et à son expertise en matière de communication, peut faire bouger les lignes
En quoi consiste le pledge ?
Chaque entreprise qui signe le pledge s’engage à mettre en place des mesures adaptées à son environnement, ses moyens et ses métiers. Toute entreprise peut le signer au niveau local ou international. L’enjeu est d’agir contre la stigmatisation du cancer et le tabou qui l’entoure. Cela signifie avoir des dispositifs qui protègent, sécurisent, les salariés malades, mettre à disposition des espaces d’échanges pour un partage d’expériences entre collaborateurs, ou encore travailler dans une culture de progrès. Cet engagement entre dans une volonté d’amélioration constante des dispositifs.
Qu’avez-vous mis en place chez Publicis ?
Au sein de Publicis Groupe, nous avons garanti le revenu des salariés malades sur la première année, sécurisé l’emploi, accompagné la reprise d’activité et mis en place des groupes de parole. Chaque entité du groupe dans chaque pays met en œuvre ces mesures selon son environnement local.
En ce qui concerne Publicis Groupe en France, nous nous sommes beaucoup appuyés sur Cancer at work, une association pionnière en matière de conciliation maladie/travail, pour lancer la démarche et mener un diagnostic des dispositifs en place. Nous avons ensuite rencontré des acteurs de la santé et de l’inclusion pour bien comprendre les différents enjeux. Après ce temps d’étude, nous avons signé un accord d’entreprise pour formaliser nos engagements et nous nous sommes dotés d’outils pour accompagner les collaborateurs.
Nous proposons notamment une solution de coaching qui montre un réel impact positif, à la fois pour le collaborateur malade, le manager, le proche aidant, ou même au sein du collectif du travail. Des web apps ont également été développées pour faciliter l’accès à l’information, tant en termes de prévention que de gestion de la maladie.
Vous mettez également l’accent sur la prévention ?
La prévention s’inscrit dans la prolongation du pledge. Cela nous semble important d’aborder cet aspect, car plus on parlera du cancer et de prévention, plus il sera facile de lutter contre la stigmatisation et le tabou. Nous accordons donc une demi-journée rémunérée par an à chaque collaborateur, à partir de 45 ans, pour réaliser des examens de dépistage. Nous mettons également à disposition de nombreux contenus santé dans une démarche de prévention.
Un mot de conclusion ?
J’encourage les entreprises qui ont la volonté d’agir, à concrétiser leur engagement à travers le pledge. Il n’y a pas de petite solution, toute entreprise peut grandir progressivement. Il ne faut pas être intimidé par le sujet. Le premier engagement est de parler du cancer au sein de son entreprise, d’être à l’écoute des collaborateurs malades et proches de malades, sans oublier les managers qui se sentent souvent démunis pour accompagner leurs collaborateurs en situation de maladie.
Pour en savoir plus sur le pledge, rendez-vous sur le site : https://workingwithcancerpledge.com/about-the-pledge